26 Novembre, 2020


1) Le détail de la stratégie de vaccination dans la région Casablanca-Settat (Dr Rmili)

L’Association des pneumologues privés de Casablanca (APPC) a organisé, mercredi 25 novembre, un webinaire autour de la vaccination anti-Covid. L’événement a connu la participation de Dr. Nabila Rmili, directrice régionale de la santé à Casablanca-Settat, qui y a détaillé la stratégie de vaccination dans la région.

Casablanca-Settat, région la plus touchée

Comme indiqué par Dr. Rmili, “la situation devient très préoccupante dans la région de Casablanca-Settat, qui compte 40% des cas Covid au Maroc, d’autant plus que nous sommes dans une phase d’épuisement des ressources humaines. Le besoin de démarrage de la vaccination est donc insistant”.

“Cette campagne nécessite l’adhésion de la quasi-totalité de la population casablancaise et de la région de manière générale, une bonne formation du personnel de la santé des secteurs privé et public, ainsi qu’une surveillance et une riposte en cas de manifestations postvaccinales indésirables (MAPI), comme pour tous les autres vaccins”.

“A Casablanca, nous serons amenés à vacciner près de 6 millions de personnes de 18 ans et plus (5.218.465, NDLR), avec un double dosage, un premier au J1 et un second au J21, ce qui fait plus de 10 millions de doses”.

“Rappelons que l’objectif global du Royaume c’est d’assurer un taux de couverture de plus de 80%, le but étant de protéger la santé publique et de minimiser l’impact sociétal et économique de la Covid, en réduisant le taux de mortalité. A Casablanca, le taux de létalité s’élève à ce jour à 1,2%”.

Déploiement de la stratégie de vaccination dans la région

Elle poursuit: “la vaccination sera étalée sur 72 jours (12 semaines). Pour pouvoir répondre à temps aux attentes du ministre de la Santé dans la région de Casablanca-Settat, on doit réaliser plus de 100.000 doses par jour, avec une cadence de 150 à 200 actes vaccinaux par point de vaccination”.

“La vaccination aura lieu 6 jours sur 7, du lundi au samedi, et sera répartie sur 4 périodes de 21 jours. Chaque période sera dédiée à un groupe défini. Nous avons choisi d’échelonner la vaccination de manière à ce qu’elle se déroule en parallèle avec l’approvisionnement du vaccin”.

La première phase concernera une population de 2.117.003 personnes, composée des professionnels de santé (28.697 personnes), des personnes à fonctions stratégiques comme les Forces armées royales, le ministère de l’Intérieur et la protection civile (103.077), ainsi que des personnes de 45 ans et plus (1.985.229). Selon Dr. Rmili, 100.810 actes vaccinaux devraient être réalisés durant chaque journée de cette première phase.

La seconde phase concerne un total de 3.667.743 personnes, à raison de 174.654 actes de vaccination par jour. La population est composée de :

– La cible de la première période (2e prise) : 2.117.003;

– Personnes âgées de 18 à 44 ans (1ère prise) – première moitié de l’effectif: 1.550.731.

La phase 3 concernera, elle, un total de 3.101.462 personnes, avec 147.689 vaccinations par jour. Sont concernées :

– Les personnes âgées de 18 à 44 ans (1ère prise) – deuxième moitié de l’effectif : 1.550.731;

– Les personnes âgées de 18 à 44 (2e prise) : 1.550.731.

Dans la quatrième phase, la deuxième moitié des personnes âgées de 18 à 44 ans (au nombre de 1.550.731) se verront injecter leur seconde dose. “Ce qui fait un total de 10.682.051 doses à administrer dans la région“.

Près de 800 stations vaccinales

Pour ce faire, “il faudra préparer des stations vaccinales, et les meilleures dont on dispose sont nos centres de santé. Chaque préfecture dans la région dispose d’un certain nombre de centres de santé, qui seront également les stations vaccinales, ainsi que leurs lieux de rattachement. Dans la région de Casablanca-Settat, on aura près de 800 stations vaccinales, et les gens devront se rendre au centre le plus proche de leur lieu de résidence”. Une cartographie de ces sites sera bientôt dévoilée.

Par ailleurs, l’activité de vaccination sera développée selon 2 modes :

– Mode fixe : c’est la population qui se déplacera vers la station de vaccination;

– Mode mobile : ce sont les équipes de vaccination, rattachées à la station, qui se déplaceront selon un programme pré-établi vers les points mobiles, comme les universités et les instituts de formation, les internats et les cités universitaires, les usines et entreprises de plus de 50 employés, les administrations et communes à plus de 50 employés, les prisons, les maisons de bienfaisance et les casernes.

“N’oublions pas que nous avons un milieu rural. Nous devons donc nous déplacer pour effectuer les actes vaccinaux dans les souks, et les rassemblements hebdomadaires (environ 7.000 points)”.

Un besoin énorme en Ressources Humaines

“Pour arriver à notre objectif, nous aurons besoin de l’adhésion de tous les professionnels de santé, aussi bien dans le secteur privé que dans le public, puisque chaque site vaccinal aura comme responsable un médecin et un infirmier”.

“Par ailleurs, c’est une période où les malades Covid sont encore hospitalisés dans les structures de soins. Nous aurons donc le grand challenge de garder en parallèle la cadence d’hospitalisation des cas sévères et graves dans les unités de soins intensifs et de réanimation, sans oublier les malades non Covid, les programmes de santé et d’hospitalisation, ainsi que les actes opératoires qui se font au quotidien”.

“Nous sommes actuellement en contact avec l’Ordre des médecins et l’Association nationale des cliniques privées (ANCP). Nous attendons qu’ils nous livrent des listes définitives du nombre des professionnels de santé qui travaillent dans les cliniques privées, ainsi que ceux des cabinets médicaux (médecins et assistantes)”.

“Une fois la liste définitive figée, on va la répartir entre les provinces. Actuellement, selon notre calcul, on a un global régional de 28.000 personnes, mais je ne sais pas si c’est le chiffre qui sera retenu. Ce calcul a été effectué sur la base de 60 à 70 personnes travaillant dans chaque clinique privée, et d’un médecin plus deux assistantes dans chaque cabinet médical”.

“On pourra éventuellement ouvrir une liste d’inscription, pour les personnes qui se porteront volontaires”.

Pour avoir du renfort, “on a aussi fait appel aux étudiants des deux facultés de médecine dont on dispose à Casablanca, pour nous aider dans cette grosse opération”.

Des invitations pour se faire vacciner

Comment se déroulera l’acte de vaccination ? D’après Dr. Rmili, “des invitations seront envoyées aux gens, par tranches d’âge. Celles-ci indiqueront le lieu, le jour et l’horaire de la vaccination“.

“Actuellement le ministère de l’Intérieur travaille sur une application web. On va procéder comme on le fait pour les élections. On a des listes préétablies, avec des tranches d’âge assez limitées et identifiées. Certaines personnes vont recevoir des invitations ou convocations par e-mail pour se faire vacciner”.

“Comme on le sait, une grande partie de la population marocaine n’utilise pas ce moyen, nous aurons donc aussi recours à la méthode classique. Les Moqaddems et les Pachas, des différentes préfectures et provinces de la région, se chargeront ainsi de délivrer les invitations aux personnes concernées”.

“N’oublions pas qu’il y a un rappel au 21e jour. Il faut donc inciter les gens à se faire vacciner au J1 et J21 obligatoirement, parce que pour augmenter l’immunité et avoir un taux d’anticorps neutralisant, il va falloir faire les deux injections. Il ne faudra surtout pas rater la deuxième”. C’est donc un travail colossal qui attend le ministère de la Santé.

Chaîne de froid et gestion des déchets

Pour bien mener cette campagne, “nous avons également pensé à la chaine de froid et aux conditions de stockage, mais tout dépendra de l’arrivage des doses et du type de doses qu’on aura (monodoses, emballages multidoses…)”.

“Tout a été calculé en mètres cubes. Par exemple, la boite d’une seringue monodose fait 14 cm3”.

“Nous avons également estimé notre besoin en réfrigérateurs au niveau de la région ainsi qu’aux conditions d’acheminement”.

Quant aux déchets, la méthode prévue de destruction est le broyage et l’incinération. La société ATISA a été choisie comme lieu de destruction par le ministère, ainsi que l’incinérateur de la société Lafarge.

Des cartes de vaccination pour les besoins de voyages

“Le vaccin ne sera pas obligatoire, mais il y aura délivrance de cartes de vaccination, que les gens pourront garder pour des besoins de voyages ou autres”; conclut Dr. Rmili.

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2) Tout savoir sur la campagne nationale de vaccination anti-covid (Replay)

A quelques jours du début de la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19, Abdellah Tourabi a reçu dans ce nouveau numéro de Confidences de presse le professeur Addelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, et le docteur Kamal Marhoum El Filali, chef du service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd à Casablanca.

L’émission était l’occasion de faire le point sur la campagne de vaccination massive devant démarrer bientôt au Maroc, mais également de passer en revue la positionnement du Royaume dans la course mondiale pour l’acquisition du vaccin.

Priorité au personnel médical

“Il y a un consensus international pour commencer par le personnel soignant (…) quelque soit la situation épidémiologique dans laquelle  se trouve un pays”, a assuré Professeur Addelfattah Chakib, interpellé sur les populations cibles en priorité dans la campagne de vaccination.

Même son de cloche par Dr Kamal Marhoum El Filali, qui estime que “lorsqu’on se bat contre une pandémie, il faudrait pas que les soignants soient eux-mêmes malades”.

Agir rapidement 

Interpellé quant à la durée du déroulement de la prochaine campagne nationale de vaccination anti-covid, fixée à 12 semaines, Dr El Filali répond, “Nous sommes actuellement en train d’entrer dans l’hiver et on sait qu’à ce moment là il y a beaucoup de maladie respiratoires (…) il faut donc agir très vite avec les deux vaccins (antigrippal et anti-covid, NDLR), pour que nos hôpitaux ne soient pas submergés”.

Un retour à la normale vers fin 2021 ?

A quand un retour à la normale ? “Cela dépend de nous tous, il faut adhérer au vaccin et continuer à utiliser les mesures barrières (…) si tout va bien avec le vaccin, je pense vers la fin de l’année prochaine”, affirme Dr Marhoum El Filali. Il en va de même pour Professeur Addelfattah Chakib, qui estime qu’ “à partir de septembre 2021, on peut revenir petit à petit à la normalité”.

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